Chers Amis,
Notre deuxième chasse, en ce 6 octobre 2018 s'annonçait bien, avec une météo clémente, et la présence du "Parrain de La Pilotière", notre cher Bob, "l'homme à la calèche", venu spécialement de l'île-Sœur. Notre ami Olaf et sa future épouse Irène, arrivés d'Allemagne, étaient aussi de la partie. Pour Amaury et moi, une émotion particulière s'attachait à cette journée; j'avais espéré que Papa puisse y assister, 10 ans presque jour pour jour après cette battue du 4 octobre 2008, au cours de laquelle il avait "baptisé" la chute de l'Amiral, ce poste cher à nos cœurs (voir la photo de 2008 et la petite explication sur le blog)... J'ai donc pris la place de Papa, absent, aux côtés d'Amaury sur le mirador, faisant ainsi une
infidélité à mon ami Bob.
Dès le lâcher des chiens, trois poussées tonitruantes qui nous amènent d'abord un daguet (auquel je n'ai pas droit ayant tiré un daguet à l'ouverture), puis un trois-cornichons, puis un faon. Vers 15h une poussée qui descend depuis les environs du gîte se rapproche, et je vois dans l'ombre du long chemin côté sud, arriver un gros-cerf au galop. Je le signale à Amaury qui est aux commandes, sa 30-06 en mains. Il me dit tout de suite "c'est Gros-Bois!" (un des cerfs autorisés). Personnellement je ne suis qu'à 90% sûr de l'identification et souffle au fiston de le laisser venir, avant de confirmer: "Oui, c'est lui!". Après quelques nouvelles foulées, le cerf tourne et rentre dans les bois en se dirigeant vers la grande "patte-poule", où il surgit peu après. Amaury lâche une balle qui doit passer devant car Gros-Bois tourne et monte cette fois en direction de "Marquise", nous montrant son dos. 2ème coup de fusil, la terre gicle à quelques centimètres à gauche du cou du cerf. Il disparaît vers "Grande Terre" alors qu'une 3ème balle désespérée le salue... Un bref instant de flottement puis la face consternée d'Amaury se retourne vers moi:
- P..! Pas possible! Pas possible de rater ça! Il balance sa casquette dans les goyaviers!
Je lui dis de rester concentré car la poussée descend vers « Filaos » et je sais que le cerf va sentir les chasseurs et soit monter vers Grande Terre, soit revenir vers nous. C’est ce qui se passe et un quart d’heure après le gros-cerf franchit, à fond la caisse, la patte-poule côté ravine, Amaury lâche un 4è coup de fusil, au vent! Silence pesant sur le mirador, j’essaie de consoler le garçon, impossible. La poussée monte vers La Révolution et une vingtaine de minutes après, on entend un coup de fusil dans le « trou », je sais que c’est Sébastien à la Chute Bois Sec. Rapidement un sms d’Alain «Ti-chinois tue Gros Bois ! ».
Amaury balance entre une grande déception un bonheur sincère pour son ami intime. De fait, que ce soit lui qui tue le "baya" est une superbe histoire qui les accompagnera toute leur vie. Et inutile de décrire la joie de Sébastien !!! Pour l'anecdote, ce cerf mesure 30 pouces 1/8ème de longueur par 21 1/8ème d'évasement.
Mon fils et moi aurions certes préféré célébrer autrement les 10 ans du baptême de l’Amiral par Amaury et son Grand-père, mais c’est la chasse. Elle est faite aussi d’histoires comme celle-ci !
Au final, 14 bêtes reviennent sur l'esplanade du gîte, dont un autre trophée, celui de notre vieux "Grégoire" (30 3/4 x 20 1/4''), tiré par Jean-Paul Noël à la Chute "Jupiter", et intercepté par les chiens et les
rabatteurs au niveau de "Zig-Zag" beaucoup plus tard.
La soirée a été fêtée comme il se doit autour du feu de cheminée, et nous avons eu droit à des prises de parole émouvantes. Les discours alternés de Sébastien, vainqueur de "Gros-Bois", et d'Amaury qui l'avait bien malgré lui laissé passer, ont été particulièrement remarqués.
A très bientôt pour la chasse des 20 ans de La Pilotière!
Bien amicalement
Didier
